GridFlow, Reynald Drouhin

Cyril Thomas avait attiré mon attention sur le projet GridFlow (2011-2012) de Reynald Drouhin qu’il a conçu en collaboration avec Sébastien Courvoisier.

Voici la description du projet par l’artiste :

Le site web GridFlow (2011-12) agrège sous forme d’une mosaïque les images d’articles dont les flux RSS sont enregistrés. Quiconque peut ajouter le (ou les) flux de son choix afin d’alimenter la grille. Le projet donne ainsi à voir une tranche de temps sans début ni fin, tel un rhizome, et révèle l’humeur du temps («Zeitgeist») par l’accumulation ou la répétition d’éléments marquants dans l’actualité du net.

La fresque subit les assauts des vagues de mises à jour du flux, créant le remous et la perpétuelle recomposition de la grille. Celle-ci, mouvante, semble prendre vie ; elle dessine un ruban infini d’images qui se déroule tout au long du mur. La mosaïque telle qu’elle est à présent n’est déjà plus : « carpe diem » permanent, elle est par essence éphémère, par la rapidité d’affichage des images et leur disparition.

A tout moment, il est possible de générer une archive grand format, Capture d’un instantané de la grille, et de figer ainsi la mosaïque comme un ensemble, la verrouiller entre deux instants.

GridFlow - Raynald Drouhin

Mais ce qui me frappe avec GridFlow c’est la sensation de vertige qu’il engendre, comme un tourbillon dans un torrent. Il rend tangible un web qui n’est que surface (même si on peut cliquer sur chaque image pour accéder au site d’où elle provient, on tend à rester devant le flux), suite d’images sans identité, sans ancrage, qui se substituent les unes aux autres dans une équivalence indifférente, d’où l’épaisseur des mots aurait disparue, d’où le sens, s’il émerge, est immédiatement emporté, où l’important n’est pas de lire mais de publier, le plus vite possible. Edmond Couchot (dans un texte que je ne retrouve plus) parlait d’imMediat.

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L’eau est dans l’air – Water is in the Air

J’organise pour Leonardo/Olats en partenariat avec l’IMéRA deux jours de rencontre à Marseille, les 25 et 26 juin 2012 sur le thème « L’Eau est dans l’air – Water is in the Air« .

Qu’elle manque ou qu’elle arrive en trop grande abondance, pure ou polluée, l’eau est au cœur de nombreuses questions politiques, sociales, économiques mais aussi symboliques, culturelles.

L’eau est un objet familier.

Cependant, il reste de encore de grandes inconnues quant à sa nature, sa structure, son changement d’état, sa présence dans l’univers, qu’explorent scientifiques et artistes.

C’est cette dernière approche qui a été choisie pour l’atelier L’Eau est dans l’air.

Ces rencontres autour de l’eau souhaitent mettre l’accent sur les modalités de collaborations entre artistes et scientifiques et les différentes formes d’approches et d’expressions. Elles souhaitent également faire émerger de nouvelles idées pour la présentation de tels projets et un travail avec différents types de publics.

Parmi les axes et les questions sur l’eau qui ont été retenus :

– nuages : faire pleuvoir, à qui appartient l’eau des nuages, la poétique des nuages, les nuages engendrés par l’activité humaine ;

– vagues : mise en perspective des avancées scientifiques sur la compréhension et les problématiques du déferlement des vagues et l’image de l’eau et de ses ondes dans l’art ;

– aérosols et gouttes d’eau : la science de l’eau en suspension ;

– quatrième état de l’eau.

Participants : HeHe (Heiko Hansen & Helen Evans), Jean-Marc Chomaz, Nathalie Delprat, Monsieur Moo, Synergetica (Evelina Domnitch & Dmitry Gelfand), Ana Rewakowicz, Peter Richards, Javiera Tejerina-Risso, Patrice Le Gal, Jacques Sapiéga, Harold Vasselin, Victoria Vesna, et Emmanuel Villermaux.

Des sessions de pecha kucha lors desquelles le public peut présenter ses projets complètent les journées.

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« Trust Me: I’am an Artist » avec Art Orienté Objet le 31 mai à Paris

Je participe à  l’organisation de la rencontre « Trust Me, I’m an Artist: Towards an Ethics of Art and Science Collaboration », projet initié par l’artiste britannique Anna Dumitriu,  qui se tient le jeudi 31 mai à partir de 18h30, Salle des Actes, à  l’Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm à Paris.

L’entrée est libre dans la limite des places disponibles. S’inscrire en m’envoyant un courriel à info [at]olats.org

Après Adam Zaretsky à Amsterdam, Neal White à Londres et Anna Dumitriu à Dublin, c’est au tour d’Art Orienté Objet (Marion Laval-Jeantet & Benoît Mangin) de soumettre, devant un public, leur nouveau projet “Du cheval au panda…” à un comité d’éthique spécialement formé et réuni à Paris selon les régles et procédures en vigueur.

“Trust Me, I’m an Artist: Towards an Ethics of Art and Science Collaboration”

“Trust Me, I’m an Artist: Towards an Ethics of Art and Science Collaboration” est un projet international qui porte sur les nouvelles questions éthiques que soulèvent les projets art/science. Lors de la prochaine rencontre qui se tiendra à Paris le jeudi 31 mai 2012 à 18h30 à l’Ecole normale supérieure, le duo Art Orienté objet soumettra un nouveau projet de création intitulé “Du cheval au panda…” à un panel d’experts qui prendront en considération et débattront des questions morales et légales que ce projet soulève ainsi que des responsabilités et du rôle des artistes, des scientifiques et des institutions concernés.

Le duo français Art Orienté objet construit une oeuvre depuis 1991 autour des questions écologiques et des relations inter-espèces, qui interroge les outils de la science et de la connaissance.

Lors de chaque rencontre “Trust me, I’m an artist” un artiste connu internationalement soumet, devant un public, une oeuvre à un comité d’éthique spécialement réuni suivant les régles et les procèdures en vigueur dans le pays. Le comité d’éthique discute la proposition et prend une décision. L’artiste est alors informé de la décision du comité d’éthique. Il s’ensuit un débat auquel le public peut participer.

Le but est de mettre en évidence les mécanismes régissant le processus (qui n’est généralement pas public) derrière les décisions de recherches scientifiques, et de permettre à un plus large public d’appréhender les règles derrière les processus de décision en matière d’éthique ainsi que le rôle des artites travaillant dans des environnements scientifiques.

Le projet “Trust Me I’m an Artist: Towards an Ethics of Art/Science Collaboration” est conduit par l’artiste Anna Dumitriu en collaboration avec le Professeur Bobbie Farsides (Chair of Ethics, Brighton and Sussex Medical School) et en collaboration avec the Waag Society et l’Université de Leiden.

Du cheval au panda…

La performance Que le cheval vive en moi est une expérience médicale extrême de fraternisation par le sang au-delà de la barrière des espèces, par laquelle le duo français Art Orienté objet appelle à une plus grande responsabilité écologique de la part des humains, dont les technologies instrumentalisent sans fin l’Autre, animal et végétal. Pour l’accomplir, l’artiste Marion Laval-Jeantet s’est transformée en animal de laboratoire, se faisant injecter pendant plusieurs mois des immunoglobulines de cheval (vecteurs de l’information immunitaire) afin de développer une tolérance progressive à ces micro-organismes étrangers. Le 22 février 2011, à la fin de cette mithridatisation, elle s’est fait injecter du plasma de sang de cheval contenant tout un spectre d’immunoglobulines équines sans subir de choc anaphylactique. L’idée étant que les immunoglobulines de cheval dépassent sa propre barrière immunitaire, entrent dans son système sanguin pour se croiser avec les protéines de son corps et, comme résultat de cette synthèse, entraînent une myriade d’effets propres au cheval sur ses fonctions corporelles. Les immunoglobulines sont des messagers corporels qui informent entre autres les glandes endocrines, très influentes sur le système nerveux, si bien que pendant les semaines qui ont suivi l’expérience  l’artiste a subi des changements notables de son rythme biologique, mais aussi de sa conscience, caractérisés par une sensibilité et une nervosité à fleur de peau. Après la transfusion, un rituel de communication, facilité par l’éthologue Sabine Rouas, s’est joué entre l’artiste, montée sur des prothèses spécifiquement fabriquées pour l’occasion, et le cheval. Après quoi son sang hybride a été prélevé et lyophilisé. Cette action risquée évoque la possibilité envisagée par la science actuelle d’utiliser des immunoglobulines animales comme « booster » thérapeutique contre les maladies immunitaires, et alors, comme le souligne l’artiste : « l’animal serait le futur de l’homme ». En tant qu’expérience radicale dont les effets à long terme sont imprévisibles, Que le cheval vive en moi interroge l’attitude anthropocentrique inhérente à notre compréhension technologique du monde. Au lieu de chercher à atteindre avec cette performance une impossible homéostasie, un état d’équilibre physiologique, l’artiste cherche à initier un état de transistasie, dans lequel le corps est compris comme en perpétuelles évolution et adaptation. De fait, la performance est une continuation du mythe du centaure, l’hybride homme-animal, qui en tant “qu’animal dans l’homme” représente l’antithèse du cavalier, l’homme qui a réussi à dominer l’animal.

Le duo souhaiterait, en raison de la valeur hautement symbolique de l’animal, réitérer cette performance, cette fois avec le panda, dans une performance qu’il nommerait « Que le panda vive en moi ». C’est pour ce projet qu’il se présente devant le comité d’éthique.

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« Tales of a Sea Cow », Etienne de France, PAV, Turin, mars-juin 2012

Quelques photos de l’exposition d’Etienne de France au PAV/Parco Arte Vivente, Turin lors du vernissage le 29 mars 2012.

Some pictures of Etienne de France exhibition at the PAV/Parco Arte Vivente, Turin, taken during the opening on March 29th 2012

Et mon  texte en français / My text in English.

"Tales of a Sea Cow", Etienne de France, PAV, 2012

"Tales of a Sea Cow", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

"Tales of a Sea Cow. Stellar", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

"Tales of a Sea Cow. Steller's Sea Cow Lip and vibrissae", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

"Tales of a Sea Cow. Catagrams", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

"Tales of a Sea Cow", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

"Tales of a Sea Cow", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

"Tales of a Sea Cow", Etienne de France, PAV, Turin, 2012

Watching the film « Tales of a Sea Cow », Etienne de France at the PAV, Turin, 2012

Piero Gilardi - Annick Bureaud - Etienne de France

Annick Bureaud, opening speech, PAV, Turin, 2012

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Lovely Weather: Reflecting on the Letterkenny Donegal Art & Climate Residencies and Exhibition

En 2010, j’ai co-organisé pour Leonardo/Olats le projet de résidences d’artistes ainsi que l’exposition associée « Lovely Weather » à Letterkenny, dans le Donegal en Irlande.

Mon article « Lovely Weather: Reflecting on the Letterkenny Donegal Art & Climate Residencies and Exhibition » vient de paraître dans la revue Leonardo, Vol. 45, n°2, 2012, pp. 182-183 ainsi que ceux des artistes ayant participé au projet.

La couverture de ce numéro de Leonardo porte sur un autre projet lié au changement climatique, celui de Cape Farewell.

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Tales of a Sea Cow, Etienne de France

Du 29 mars au 24 juin 2012, Etienne de France présente au PAV/Parco Arte Vivente de Turin son nouveau projet Tales of a Sea Cow dont j’ai le plaisir d’être la commissaire.

"Tales of a Sea Cow", Etienne de France, 2012

Tales of a Sea Cow est un conte de science fabulatoire décrivant des recherches scientifiques fictionnelles sur la réapparition le long des côtes du Groenland de la Rhytine de Steller, un mammifère marin exterminé par une chasse trop intensive au 18ème siècle. Le décryptage de leurs chants est une vraie révolution scientifique bouleversant nos savoirs, nos croyances et nos préjugés sur la communication animale !

A la croisée de l’art et de la science, confrontant fiction et réalité, l’œuvre est une narration qui se déploit linéairement dans un film et de manière éclatée dans l’espace physique par le biais de photos, de sculptures, de planches et de dessins et d’une installation interactive. Elle mêle les genres et les registres, les techniques et les pratiques.

Etienne de France y déroule de multiples questions et pose un regard drôle, poétique mais aussi très acide sur la manière dont nous appréhendons et interprétons la nature et le vivant.

Je suis particulièrement heureuse que la première présentation/exposition de Tales of a Sea Cow ait lieu au PAV. Imaginé et animé par Piero Gilardi et une équipe accueillante, le PAV est un espace précieux et rare où la réflexion et la création ont encore droit de cité pour elles-mêmes, et où il fait bon déambuler pour interagir avec les œuvres (dont 8 installations interactives de Piero Gilardi) ou pour regarder pousser la nature (dont un jardin conçu par Gilles Clément).

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Passion Clipperton

Au large du Mexique, la France possède une île inhospitalière, à l’histoire chargée et à l’éco-système unique, connue sous le nom de « Clipperton » à l’international et « île de la Passion » en français.

Sous l’impulsion de Jonathan Bonfiglio, une expédition art-science vient de débuter à laquelle participe l’artiste française Julie Morel.

On peut suivre l’expédition générale sur le site web du projet et  ce qu’y fera Julie égalementsur son blog.

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Cosmical Seeds by Ayako Ono on the ISS

JAXA, the Japanese Space Agency is pursuing its policy toward artistic and cultural projects and experiments aboard its Kibo module on the ISS/International Space Station.

The recent years have witnessed Dewey’s Forest, the space garden by Shiro Matsui in 2010 of which I had showed an « earthian » version in the 2009 @rt Outsiders festival, followed by his Message in a Bottle in 2011 performed by astronaut Alvin Drew during an EVA (the opening of the botlle is at about 13’24, but watching the whole clip is really worth it).

That same year 2011 saw two works by Takuro Osaka —Marbling painting on a sphere of water and Spiral Top.

This February 2012 it is the turn of Cosmical Seeds by Ayako Ono.

Cosmical Seeds, Ayako Ono

Cosmical Seeds is a pair of musical instrument designed by metal artist So Negishi and Ayako Ono. Astronaut, Daniel C. Burbank played them on February 10th, 2012. Two pieces of music act as background music. One is the special edition for the instruments, named « Dream Starts » composed by Jaakko Saari and another is a two minute edition of « Kiyoraka na sora » composed by pianist, Akira Takahashi.

JAXA is the only space agency to have this structured long term policy that brings artworks in the ISS. Why the other countries participating to the ISS don’t do the same? If artworks like Prisma (2001) by French Pierre Comte have reached the International Space Station or have been onboard the Space Shuttle like Boundless Cubic Lunar Aperture (1989) by American Lowry Burgess, it has never been through a specific dedicated policy of their respective space agencies and, although ESA/European Space Agency has conducted studies on the topic (I was part of one of them), so far, it doesn’t have transformed them into some concrete organised project.

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(In)visible (in) Nature?

Our technologies have allowed us to expand our inhabited world on the whole planet and beyond. Our technologies have allowed us to impact the whole planet and beyond.

With what kind of (invisible) information is nature « covered »? With what kind of (invisible) information can/have we cover(ed) nature?

How do non human living creatures adapt to our human technological world?

This is a topic I am interested in and a research I am conducting, slowly, compiling ideas, projects, readings.

The interactive video documentary Bear71 by Jeremy Mendes and Leanne Allison is one of the most stricking and beautiful project dealing with those issues.

Bear71 is the story of a female grizzly bear, and other animals, tracked and monitored for many years in the Canadian Rocky Mountains Banff National Park. There is not such a thing as the Wild, specially not in a National Park in northen America.

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L’image de la semaine

Cela fait plusieurs années maintenant que je suis abonnée au projet « image de la semaine ». Chaque semaine, je reçois une image par email, sans commentaire.

C’est une forme de diffusion/monstration que je trouve particulièrement séduisante (et efficace), douce et légère dans un environnement saturé d’informations que cette image silencieuse que je regarde toujours avec beaucoup d’attention.

J’aime particulièrement celle de cette semaine, la « week 257″ que voici.

Michael Malapert

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