Tous mes vœux pour 2017, année où on prend le temps de ralentir et d’approfondir.
All my best wishes for 2017, a year to promote a slow & in-depth approach to life.
Tous mes vœux pour 2017, année où on prend le temps de ralentir et d’approfondir.
All my best wishes for 2017, a year to promote a slow & in-depth approach to life.
FiveWordsForTheFuture is a project created by Pier Luigi Capucci, Renato Alberti, Emanuele Bertoni and Giorgia Benvenuti.
As it’s title says, we are asked what are the 5 words or ideas that we believe are crucial for the future. This is recorded in a short video.
I have done the recording of my 5 words during Ars Electronica in septembre 2016 with Pier Luigi Capucci.
The exercice has been truly interesting, trying to figure out in the « noweness » what would be important to focus upon, trying to be reflective upon my own activities and my dreams (what I would like to do but not always can achieve, but may be I should try harder or differently ?). It actually opened up new ideas for me to work upon, or dig into. It has also been more intimidating than I thought it would be.
It is here, hoping it will bring you also some ideas, reflections, starting point for actions, or may be some joint project with me!
Just received the book Social Media Archeology and Poetics, edited by Judy Malloy and published at MIT Press, in the Leonardo Book Series, in which there is my article « Art and Minitel in France in the 1980s ». The table of content is absolutely amazing, over 400 pages to read right away!
Leonardo/Olats est partenaire du projet européen Trust Me, I’m An Artist. Dans ce cadre, je tiens un « Journal de Bord » avec des compte-rendus des réunions et des rencontres, mais aussi mes réflexions, lectures et interrogations.
C’est avec une réelle impatience que je suis partie à Copenhague, au mois de mai, pour voir l’œuvre Heirloom de Gina Czarnecki et John Hunt présentée au Medical Museion dans le contexte plus large de l’exposition The Body Collected. The Raw Materials of Medical Science from Cadaver to DNA.
Dans cette édition de Trust Me, I’m An Artist, c’est le premier projet dont la description (et le propos ?) me troublait et qui me semblait, en effet, soulever une question éthique. J’avais donc hâte de me confronter à sa réalité et aux points de vue et réflexions des autres, partenaires du projet, membres du comité d’éthique et bien sûr l’artiste et le scientifique qui l’avaient créé.
Le projet peut se résumer ainsi : Heirloom est le portrait « vivant » de Lola et Saskia, les filles de l’artiste. Des cellules de peau, prélevées alors qu’elles avaient 11 et 13 ans, sont ainsi cultivées sur un masque en verre du visage des deux fillettes. Une sculpture en impression 3D à partir d’un scan de haute précision de leurs têtes accompagne les cultures de tissu.
Heirloom s’inscrit dans la longue tradition artistique du portrait, ne serait-ce que par le biais des masques réalisés selon une technique traditionnelle, qu’il porte dans une nouvelle direction avec la culture de peau mais aussi les impressions 3D. D’où vient le trouble ? Pourquoi cette sensation d’une forme de transgression ?
Cultiver de la peau est devenue chose courante, rien d’extravagant à cela (même si la technique est ici innovante). Pourtant, c’est bien un premier point d’achoppement. Un portrait « vivant » serait donc différent d’un portrait « figé » ? Par définition, un portrait est un substitut, dans une autre matière, de la personne. Il est la présence de l’absence de l’autre. Mais en tant que substitut, il n’est que partiel, moment du temps (le « ça-a-été » barthien de la photographie), à jamais imparfait et surtout incomplet. Créer un portrait de quelqu’un à partir de la même matière que la personne revient, symboliquement, à faire un double de celle-ci. Au-delà de l’idée de clonage, vient alors à l’esprit L’Invention de Morel, le magnifique livre d’Adolfo Bioy Casares où créer un double signifie tuer l’original.
Le deuxième point d’achoppement est le choix des « sujets », à savoir les enfants de l’artiste. Le même projet mais pour un autoportrait ou le portrait de n’importe quel adulte ne présenterait sans doute pas la même force émotionnelle. La mère semble ici se soumettre à l’artiste pour la réalisation de l’œuvre avec ce qui peut apparaître comme une instrumentalisation de ses enfants ou même un abus de pouvoir à leur égard.
C’est avec ces questions que j’abordais Heirloom dont il convient maintenant de décrire la matérialité et la forme réelles.
Heirloom est une installation-parcours qui inclut à parts égales différents objets : les différents plâtres et moules des visages des enfants qui ont servi à faire les masques de verre, des exemplaires non utilisables de ces derniers car cassés ou présentant des défauts, les sculptures en impression 3D du visage des fillettes, une vidéo retraçant les étapes du projet, le prélèvement des cellules et leur donnant la parole et, au cœur de l’installation, d’une part les incubateurs avec les masques immergés dans un bain de nutriment de couleur rouge dans lesquels croissent les cellules et, d’autre part, dans des vitrines hermétiques en plexiglas, deux masques sur lesquels reposent de minuscules morceaux de peaux issus d’une première culture.
Face à l’installation, mon trouble initial s’estompe. Des questions demeurent, d’autres surgissent ainsi que des réponses.
Une des questions éthiques soulevée par Heirloom est l’autorisation du prélèvement des cellules des enfants. C’est Gina Czarnecki qui l’a signée, en tant que mère, pour une œuvre qu’elle réalise en tant qu’artiste. Demandée au père, cela aurait-il fait une différence ? Quel est le fondement réel de cette autorisation, hormis de couvrir le scientifique par une procédure habituelle de la science tout en en montrant l’inanité ? Gina Czarnecki demande la permission à ses enfants de montrer cette œuvre dans des endroits où cela pourrait les embarrasser (par exemple à Liverpool, la ville où elles habitent). Tous ceux qui publient, à longueur d’année, des photos et des vidéos de leurs enfants sur Facebook, de leur naissance à leurs premiers pas, fêtes d’anniversaire, activités diverses, ont-ils les mêmes pudeurs, le même respect de la vie privée, de l’intimité, de leur progéniture ? N’est-il pas là, le vrai cannibalisme parental ?
Heirloom expose par ailleurs un certain nombre de questions suscités par la recherche en médecine régénérative entre les espoirs d’une médecine réparatrice — que ce soit après des accidents traumatiques ou des maladies neurodégénératives —, les fantasmes d’une médecine cosmétique et les peurs d’un humain modifié. Entre éternelle jeunesse et rejet ségrégationniste de la vieillesse, sera-t-il possible un jour, l’âge venu, de retrouver son visage d’antan ? Mais que voudra t-on qu’il soit ce visage : celui de notre adolescence, de nos vingt ans, de notre maturité ?
Enfin, la raison essentielle qui désamorce mon trouble face à Heirloom est qu’il s’agit bien d’un portrait. Pas plus qu’une photo ou une sculpture, les cellules ne sont la personne. Certes, elles contiennent le patrimoine génétique des filles, mais un individu est bien plus que son patrimoine génétique. Heirloom s’inscrit dans cette dialectique de la présence et de l’absence, de la vie et de la mort qu’est un portrait, du fragment qui entend rendre compte du tout, qui échoue inexorablement, mais où résiste la puissance de l’évocation et, ici tout particulièrement, de l’impossible élixir de jouvence.
Il fut dit, notamment par Jens Hauser, que l’on était face à des masques mortuaires vivants. Par-delà l’esthétique technique contraignante du dispositif, Gina Czarnecki a choisi de faire arriver le tuyau qui délivre le nutriment et maintient une circulation dans l’incubateur sur la bouche des visages de verre, comme une respiration vitale. Dans le liquide amniotique de leurs matrices artificielles, les masques m’évoquent des beautés endormies, belles au bois dormant contemporaines.
Qu’est-ce qui fait que quelque chose nous déstabilise ? L’éthique est une affaire de limites. Il est intéressant de rencontrer les siennes et de s’y confronter. Et c’est bien là que réside l’art, sur la fragile ligne de crête.
Comité d’éthique
Christina Wilson, consultante artistique et membre du Conseil Danois d’Ethique ; Morten Hillgaard Bülow, historien de la médecine et philosophe ; Ida Donkin, post doctorante en épigénétique au NNF Centre pour la recherche en métabolisme de base et Jens Hauser, chercheur et commissaire d’expositions.
Le projet « Trust Me, I’m An Artist » a été soutenu par le programme Creative Europe de l’Union Européenne.
Leonardo/Olats est partenaire du projet européen Trust Me, I’m An Artist. Dans ce cadre, je tiens un « Journal de Bord » avec des compte-rendus des réunions et des rencontres, mais aussi mes réflexions, lectures et interrogations.
J’ai pris quelque retard dans la tenue de ce journal de bord. Plusieurs mois se sont écoulés depuis la réunion du comité d’éthique autour du projet Cellular Propeller d’Howard Boland. C’était à Berlin, le 5 février à Transmediale.
C’était la première fois, au sein de cette édition de Trust Me, I’m An Artist, que le projet artistique soumis à la sagacité du comité d’éthique était encore à l’état de projet et non pas une œuvre réalisée.
Ceci rendait le processus intéressant car, dans le monde scientifique, les accords des comités d’éthiques se font a priori et non a posteriori. En outre, il ne s’agit pas de rendre compte d’une œuvre, ou de la confrontation entre l’œuvre telle qu’elle existe et le discours, y compris éthique, sur celle-ci. Je me trouve, en quelque sorte, dans un discours « troisième » : un discours (3) sur le discours produit (2) sur un discours (1) qui raconte une intention d’œuvre (0) où (1) est le discours de l’artiste racontant son projet, (2) le débat sur l’éthique du projet et (3) mon compte rendu sur (2) et ma propre évaluation de (1) et de (0).
Essayons tout d’abord de résumer le projet d’Howard Boland.
Cellular Propeller entend associer biologie de synthèse et matière biologique pour créer un système hybride, une chimère d’un nouveau genre. Au départ, il envisageait d’utiliser des cellules cardiaques de rats nouveaux nés comme « moteurs » de petites structures mobiles. Devant la difficulté de se procurer ces cellules —et les questions éthiques soulevées par leur obtention— Howard Boland a décidé d’utiliser des spermatozoïdes pour entraîner la rotation d’une roue de la taille d’une pièce de monnaie réalisée par biologie de synthèse. Les cellules seraient les siennes. On aurait ainsi un objet artificiel mu par une cellule biologique « naturelle », transformant le vivant (la cellule) en machine.
Le bioart spéculatif ou un projet purement conceptuel n’est pas l’approche d’Howard Boland pour qui il est essentiel de réaliser effectivement l’œuvre. De mon côté, gloser sur une œuvre qui n’existe pas encore m’intéresse assez peu quand on sait l’écart entre les intentions et ce qui aura pu être fait. Face à un projet aussi emblématique et ouvert à l’interprétation que Cellular Propeller, restons-en aux questions éthiques soulevées. On peut en distinguer trois :
– L’utilisation de matériaux humains
– L’expérimentation avec soi-même puisque l’artiste utilisera ses propres spermatozoïdes
– La nature de l’objet créé, entre l’artificiel et l’humain.
On peut argumenter que les deux premières relèvent de l’éthique uniquement parce que l’œuvre ne peut être réalisée qu’au sein d’une institution de recherche. D’une manière générale, ce type d’institution est dans l’obligation de justifier et de rendre compte de l’utilisation de matériau humain et n’autorise pas la recherche sur soi-même. On ne peut être son propre cobaye dans la recherche scientifique. Ces deux points n’ont, en revanche, pas grand sens dans la pratique artistique où d’une part l’humain a été un des premiers matériaux de l’art et où, d’autre part, expérimenter sur soi-même est le fondement même de la performance et du body art. Cependant, la question « peut-on être un tiers à soi-même » est une de celles sur laquelle l’artiste insista, une autre étant la potentialité de livrer publiquement des informations (génétiques) qui relèveraient de l’intime et du privé. En fait, c’est bien la symbolique associée aux spermatozoïdes, cellules de la fertilité, de la fécondité, de la vie et de la virilité, qui semble ici l’enjeu.
Un élément d’ordre symbolique peut-il être retenu comme une question éthique cruciale et critique ? À moins que l’éthique ne repose, précisément, sur le symbolique …
La question de la nature de l’objet, en revanche, me semble au cœur du sujet en ce qu’il illustre une évolution possible du vivant, et potentiellement du vivant humain. Si le projet artistique en tant que tel ne me paraît pas soulever de réels problèmes, ce qu’il met en jeu est une des questions essentielles de la recherche biomédicale.
Le comité d’éthique était composé de : Bobbie Farsides (Ecole de médecine du Sussex, Brighton) ; Sabine Roeser (Université de technologie de Delft) ; Ursula Damm (Université de Weimar) ; Philipp Bayer (Université d’Heidelberg).
Le projet « Trust Me, I’m An Artist » a été soutenu par le programme Creative Europe de l’Union Européenne.
I am talking about bioart in relations with cells & tissue culture, stem cells and body parts at the EUCelLEX workshop on « Stem Cells in Translation: The Governance of Clinical Promise in Regenerative Medicine ».
The workshop is taking place on May 11th-12th at CEVIPOF – 98 rue de l’Université – Paris, organised by Sciences Po – CEVIPOF, CNRS, Inserm.
The objective of this workshop is to analyze governance issues at the translational frontier of stem cell science.
The attendance is free but requires registration.
Information and programme here.
(Ce texte a été écrit dans le cadre du numéro « Arts & Sciences » du magazine MCD (n°81, mars/avril/mai 2016) dont j’étais la rédactrice en chef invitée. Une version condensée a été publiée dans ce numéro sous le titre « Ici & Ailleurs. Panorama des structures arts-sciences », on trouvera ici la version intégrale.
La France ne dispose pas, ou pas encore, d’un lieu emblématique arts-sciences, mais, comme partout, les initiatives fleurissent : du soutien à la création, à la monstration, en passant par la formation et la recherche, durables ou éphémères, portées par des institutions de taille et de nature diverses, initiées par toutes sortes de gens (artistes, scientifiques, acteurs culturels), parfois relabellisant simplement du bon vieil art numérique ou flirtant avec l’ingénierie. En bref, l’art-science devient tendance.
Je propose ici un tour guidé, non exhaustif, des initiatives de ces quinze dernières années qui se veulent pérennes, complété par la présentation de quelques exemples étrangers.