En ce dimanche après-midi, je prends un peu de temps pour lire les informations diverses qui sont arrivées dans ma boîte mail. Deux projets s’inscrivent dans ces nouvelles formes de monstration qui explorent le web à la recherche de modalités différentes de diffusion et de création.
La première est Curated by Weekly un projet de Johannes Boscher qui, depuis ce 3 juillet, publie en ligne une œuvre qui ne sera visible que pendant une semaine, « sans archive et sans possibilité de voir l’œuvre par la suite » indique le communiqué de presse. La première œuvre est une vidéo de Vadim Zakhavov intitulée Don Quixote Against Internet. Elle date de 1999-2000. Un magazine papier, à parution irrégulière, accompagne le projet et publiera des textes de réflexion.
Voilà un projet qui entend confronter le flux des informations, effaçant comme les vagues l’écume des précédentes, à la pérennité indélébile de nos traces sur le web ; qui nous obligerait à saisir réellement l’instant présent de la diffusion comme un retour à la télévision d’avant le magnétoscope. Qui nous obligerait à faire attention aux choses et aux œuvres. Je dois cependant avouer que la page Facebook du projet, tellement classique et tellement documentaire vint rompre le charme de cet instant d’art à saisir et à vivre.
La seconde est « 3ème Scène » de l’Opéra de Paris qui présente sa nouvelle production Etats Transitoires de III-Studio.
En soi, 3ème Scène est une chaîne de diffusion de vidéos. Rien d’extraordinaire à cela. Et, en soi, il s’agit de vidéo danse, rien de bien neuf non plus. Pourtant, cette monstration est en tout point remarquable et on accorde pleinement le temps nécessaire à l’œuvre. Peut-être parce qu’il est proposé une œuvre à la fois, que l’on déguste comme on le fait d’un ballet ou d’une chorégraphie que l’on va voir « sur place », sans se sentir submergée par l’ensemble des propositions auquel on a cependant accès sur un site web simple et élégant. Peut-être aussi par la qualité des œuvres comme cet Etats Transitoires, jeu formel entre un corps, la danse, et l’architecture du lieu qui accueille cette danse —l’Opéra Bastille, dans un dialogue visuel avec la surface de l’écran, lieu effectif de sa monstration.